Aujourd'hui était jour de manifestation étudiante. J'y ai pas été. Je me sens un peu traître pour les autres étudiants, qui, je crois, manifestent quand même pour une bonne cause qui touche à toute la société. Pourtant, ma raison est celle-ci: je crois que je suis mal informée.
Au cours de la dernière campagne électorale, j'ai été témoin de désinformation dans quelques articles mensongers (ou plutôt mal tournés). Ce qui m'a fait douter de la presse en général, c'est-à-dire que j'étais consciente d'un tel problème, mais je ne m'y étais jamais attardée assez longtemps pour réaliser l'impact produit sur la société par une telle désinformation.
Bref, depuis cet élément déclencheur, je me pose toujours plusieurs questions après avoir lu un article X; soit ce qui est exprimé, et jusqu'à quel point peut-on amalgamer une information pour lui faire dire ce qu'on veut. Ça m'amène à ceci: je réalise que je suis en train de former mon esprit critique. C'est fou, non?
Mais j'ai un problème relié à cette nouvelle forme de réflexion: maintenant, j'ai l'impression que pour affirmer quelque chose, ou pour, par exemple, participer à une manifestation, je dois tout vérifier, tout savoir tout sur le sujet, etc. Surtout sur des mouvements de masse comme celui-ci, où j'imagine qu'un bon 80% des participants ignorent probablement les faits réels sur le dégel des frais de scolarité (comme moi) et sur ce qu'implique la gratuité scolaire. Bien sûr, je suis certaine que, si un mouvement a été aussi élaboré, la partie de gens qui s'y connaît le font pour une bonne cause. Par contre, j'ai peine à m'y impliquer puisque je n'en connais pas les impacts sur l'économie, la politique, etc. Pourtant, je crois fermement que j'adhère aux propos des manifestants. Ce qui me ramène au début: est-ce qu'on doit toujours tout savoir sur une situation pour pouvoir juger et affirmer ce qu'on pense? Ou est-ce qu'une information partielle vaut ce genre de mouvement? Mais la limite du "partiel", où se situe-t-elle?
Je crois que c'est le genre de question qui en ramène une autre, qui en ramène une autre, et qui constitue tout ce qu'on peut nommer: "un cercle vicieux".
En même temps, je ne veux pas être de ceux qui affirment haut et fort quelque chose qu'ils savent en partie; ça m'a toujours agressé. Vous savez, ces gens qui disent tout connaître sur tout. Il n'y a pas de honte à ne pas savoir. Ce qui est honteux, c'est de ne pas s'y intéresser.
Pour citer mon frère qui, voilà quelques temps maintenant me disait: "acquérir des connaissances nous emmène automatiquement à devoir prendre de plus en plus de responsabilités. [...] Un esprit critique, ça nous permet de voler, sans se casser la gueule."
Je savais qu'un jour je comprendrais parfaitement ce qu'il voulait dire. Voilà. Je viens de le réaliser. Je croyais l'avoir fait avant, mais maintenant je sais.
Merci grand frère.